Les symptômes du stress traumatique complexe
Quand on parle des symptômes liés au stress traumatique complexe, on parle d’une liste de symptômes à la fois physiques et comportementaux assez longue !
Et ce dont je vais vous parler dans cet article n’est pas du tout exhaustif.
La première chose dont je veux vous parler, c’est:
l’anxiété.
Et je vais redéfinir ce qu’est l’anxiété pour moi, parce qu’il y a plusieurs manières de la définir.
Pour certains, il s’agit d’une anticipation défavorable. Penser que quelque chose va mal se passer. La peur de l’avenir. Et pour certains encore, il suffirait de modifier ses pensées, d’avoir une perception plus réaliste et équilibrée des événements possibles à venir. Il s’agit d’une approche cognitive et comportementale qui n’est pas sans intérêt, mais qui à mon sens ne sert qu’à « gérer » son anxiété, plus qu’à traiter le problème à la racine. C’est déjà bien, mais on peut aller plus loin, pour des résultats plus pérennes.
Ce n’est pas la façon dont je vais l’aborder ici.
J’aime beaucoup l’approche de Peter Levine qui fait la comparaison entre les mammifères et les être humains dans la façon qu’ils ont de gérer un événement potentiellement traumatisant.
Les mammifères, confrontés à une menace – se faire poursuivre pas un lion – vont activer leur cerveau reptilien pour déclencher une réponse de fuite ou de combat. Jusque-là, les mammifères et nous, réagissons de la même manière.
Puis, quand ni le combat ni la fuite ne sont possibles, ils se figent, ils s’immobilisent. Ils font le mort. Et d’ailleurs, là, on parle des mammifères, mais vous pourriez observer la même chose chez une araignée. Cette réponse d’immobilisation, de sidération, présente plusieurs avantages. Un animal mort n’est pas forcément digeste. Avec un animal mort, on peut prendre son temps, aller chercher le reste de la bande pour le dépecer. Et pour la proie, une fois en état de sidération, si elle doit se faire dévorer, l’état altéré de conscience dans lequel elle se trouve, rendra les choses plus supportables. C’est la même chose chez les être humains quand par ex. une femme se fait agresser, elle peut témoigner plus tard qu’elle était comme « spectatrice » de son agression. Dissociée. Cela permet de survivre sur le moment. Et ces réactions sont – il faut bien le comprendre – totalement indépendantes de notre volonté.
Car c’est bien là le but premier de notre système nerveux : nous faire survivre sur le moment.
Levine explique que quand notre cerveau reptilien déclenche cette série de réactions, il active d’abord l’accélérateur et si la fuite et le combat ne sont pas possible, il active le frein pour permettre l’immobilité. Ces 2 activations nécessitent une décharge d’énergie très importante et il est nécessaire d’évacuer ces énergies par la suite pour revenir à un état d’équilibre, tant sur le plan physique que psychique.
Et c’est ce que font les mammifères. S’ils ont réussi à échapper à une situation périlleuse, ils vont courir, trembler, sauter, bref. Ils vont se décharger de cette énergie.
Et pour nous, c’est différent. Nous pouvons le faire. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il est bon de faire du sport quand on subit beaucoup de stress. Mais chez l’être humain, cette « décharge d’énergie » nécessaire, ne se fait pas automatiquement. Ce que nous avons en plus par rapport aux autres mammifères, c’est un néo cortex, ce qui va avec un certain nombre de règles sociales, éducatives, comportementales.
Si vous vous retrouvez dans le bureau de votre boss qui vous accable de reproches que vous savez injustes, vous ne pouvez pas si facilement lui mettre une baffe, ni partir en courant. Et à la fin de la journée, si vous devez enchainer avec une heure de transport, la préparation du diner et essayer de vous détendre, vous n’aurez pas pris le temps, vous n’aurez pas eu l’occasion de décharger toute cette énergie qui se retrouve bloquée dans votre système nerveux.
Un enfant qui subit des brimades, des cris, de la négligence qui le plonge dans un abime d’incompréhension et de tristesse, ne va pas forcément pouvoir non plus évacuer tout le stress qui s’accumule, « parce qu’il faut être sage », il ne faut pas faire de vague. Et d’ailleurs, s’il devait s’énerver, il se mettrait en danger. Donc il encaisse.
Pour revenir à ma définition de l’anxiété, il ne s’agit pas juste de l’anticipation qu’il va arriver quelque chose de terrible, que l’on va tomber dans la pauvreté etc. Ceci est une conséquence d’un problème plus profond.
Il s’agit d’un stress qui s’est comme « installé », dont on ne peut pas forcément identifier l’origine exacte.
D’ailleurs, quand on dit « Je suis stressé », la plupart du temps, ce que l’on veut dire, c’est « Je suis anxieux ». Parce que le stress n’est pas censé durer. C’est une réaction d’adaptation qui permet sur le moment de gérer une menace ou un défi, une échéance etc. En soi, ce n’est pas mauvais.
Mais si vous ne savez pas pourquoi vous êtes stressé, vous avez sûrement à faire à de l’anxiété, qui est un état de tension interne chronique.
Et le fait d’anticiper l’avenir de manière négatif est une conséquence de cet état. Alors bien sûr, on peut se raisonner, mais ça ne va pas soigner l’état d’anxiété latent, à l’origine des pensées négatives.
L’anxiété est liée à un autre gros morceau qui caractérise
le stress traumatique complexe :
La dérégulation du système nerveux
Et quand on sait que le système nerveux régule toutes les fonctions de notre corps, on peut comprendre qu’il en découle tout un tas de symptômes physiques, voire de vraies maladies. Quand on pense que le stress fait immédiatement baisser l’efficacité de nos défenses immunitaires, on comprend qu’un nombre incalculable de maladies pourraient être évitées si on pouvait mieux prendre soin de notre système nerveux. Même le développement des cancers est influencé par le système immunitaire.
Le système nerveux va également impacter notre bien-être psychique et émotionnel, ainsi que notre comportement, nos réactions, nos gestes automatiques, notre voix, etc.
Avec la dérégulation du système nerveux, vient la dérégulation émotionnelle, ce qui impacte nos relations, mais pas que.
On peut aussi se sentir « décentrée », peu ancré et on est beaucoup moins en contact avec nous-même, nos émotions, nos perceptions, notre identité véritable. Cela peut aussi engendrer des problèmes relationnels.
Cela peut également générer des phénomènes de dissociation, de problèmes de mémoire, de concentration.
On note aussi chez les victimes de stress traumatique chronique
· Un dialogue intérieur très critique, humiliant, rabaissant, qui parfois agit comme un harcèlement intérieur.
· Une faible estime de soi et confiance en soi
· Une image de soi dégradée
· Un doute constant sur ses capacités
· De l’hypervigilance – petite sœur de l’anxiété
· Des problèmes d’insomnie ou d’endormissement
· De la fatigue chronique
· Une difficulté à se sentir pleinement en sécurité
· Des comportements qui visent à faire plaisir ou apaiser les autres, au dépend de soi-même et de ses limites personnelles.
· Des mémoires ou des scènes imaginaires intrusives et déstabilisantes.
· Des cauchemars.
Comme je le disais plus haut, cette liste n’est pas exhaustive,
mais cela vous donne une idée de comment le stress traumatique complexe se manifeste. Par ailleurs, vous n’avez pas besoin de présenter TOUS les symptômes pour être concerné.
Il s’avère que le traumatisme complexe concerne énormément de monde à des degrés divers. Et le plus souvent, les personnes concernées n’en ont pas conscience.
Si vraiment, vous n’allez pas bien du tout, il est impératif de voir un médecin ou un psychiatre.
Mais si vous faites partie des innombrables qui souffrent d’anxiété et de certains symptômes que je viens d’énumérer, il est possible d’aborder le problème en prenant soin de vous, à condition de comprendre par quel bout commencer.
Dans l’article suivant, je vous parlerai de ce qu’il est possible de faire pour réguler votre système nerveux, changer en profondeur et surtout pour vivre beaucoup mieux ! 😊